Vous êtes ici : Accueil » Nos activités » Les séminaires des Archives historiques...

Les séminaires des Archives historiques...

D 14 juillet 2020     H 11:31     A Pascal     C 0 messages


Les séminaires des Archives historiques

Reprenant une proposition de plusieurs membres de l’Académie de Saintonge, la Société des Archives historiques de la Saintonge et de l’Aunis a inauguré, le samedi 4 juillet dernier, une série de séminaires visant à échanger avec le public autour de thèmes essentiellement historiques, sur la base des travaux présentés par différents chercheurs sur leurs thèmes de prédilection. Ces séminaires tenus pour les premiers avec un nombre d’assistants réduit compte tenu de l’actualité sanitaire, sont appelés dans les mois qui viennent à être ouverts aux membres des sociétés savantes du département et au grand public.

Premier séminaire du 4 juillet : les épidémies.

Le 4 juillet, le premier de ces séminaires portait sur un thème malheureusement d’actualité, les épidémies. Marc Seguin a évoqué notamment la peste à Bordeaux au XVIe siècle, et plus particulièrement celle de 1585 en présentant plusieurs documents retrouvés dans les archives du parlement de Bordeaux.
Au début des Temps modernes, Bordeaux est, comme toutes les villes, exposée à la peste et à toutes les « maladies épidémiques ». A la première alarme, les notables fuient à la campagne et le parlement court siéger à Libourne, dès lors « capitale » provisoire du vaste ressort qui s’étire de Limoges à Bayonne.
La peste en question dure de mai à novembre 1585 ; elle a sans doute été la plus cruelle des Temps modernes. Les historiens ne l’ont pas ignorée parce que la seconde « mairie » de Montaigne s’achève précisément le 31 juillet, date à laquelle il est remplacé par le maréchal de Matignon. Non seulement la terrible maladie a entravé l’activité économique, mais elle a entraîné une mortalité catastrophique. Un passage des « registres secrets » du parlement, rédigé au moins une décennie plus tard, le confirme : « le 15 mai 1585 commença en la ville de Bourdeaux le mal contagieux dont il mourut au nombre de 18 000 personnes dans la ville ou banlieue, desquels furent deux jurats et 40 chefs de familles considérables ». Les épreuves des survivants n’étaient pas terminées pour autant puisque le greffier continue : « l’automne et l’hiver de cette année furent si pluvieux qu’on n’acheva de vendanger qu’après la Toussaint et de semer qu’après le mardi-Gras ».
La peste-là arrive probablement de Saintonge, c’est à dire du nord, zone dangereuse d’où viennent les vents froids, les maladies, les soldats et les impôts du roi. Dès l’automne 1584, des bruits courent, le parlement prend des mesures pour bloquer les passages de Blaye et Bourg et interdire l’arrivée des vendangeurs. La Saintonge est une victime collatérale parce que le maréchal de Matignon éprouve le besoin d’aller rétablir l’autorité du roi, soi-disant menacée à Saintes où il séjourne avec son armée en novembre, avant de regagner Bordeaux en décembre, prenant au passage le château de Jonzac et imposant aux habitants une lourde amende.
Ont été détaillées les ordonnances de la cour de parlement pour la santé du 20 juin 1585. La réalisation d’un recensement de tous les Bordelais, la désignation des chefs de rue chargés de contrôler l’état de santé des habitants, le confinement des malades restituent ainsi l’atmosphère qui règne dans les villes attaquées par la peste.

De son coté, Pascal Even a évoqué la situation du port de La Rochelle face à la peste de Marseille et de Provence de 1720-1722. Le dépouillement des registres des délibérations du corps de ville traduit l’inquiétude grandissante des édiles qui adoptent successivement en quelques mois des mesures sanitaires de plus en plus rigoureuses : mise en place d’une chaloupe de santé, surveillance des entrées des hommes et marchandises dans le port et la ville, expulsion des mendiants étrangers, délivrance de passeports intérieurs pour les mendiants originaires de la cité…

Cet arsenal réglementaire culmine avec le règlement adopté en octobre 1721 qui envoie tous les notables de la cité monter la garde sur les remparts, comme les membres du présidial et les avocats à la Porte royale et les ecclésiastiques et le chapitre à la Porte neuve. Les négociants surveillent le havre et la chaîne qui barre le port. Mais alors que toutes les énergies sont mobilisées contre l’introduction de la peste de Provence, il apparaît que la ville est précisément touchée par une épidémie. Les travaux sur la démographie rochelaise montrent en effet que cette épidémie, certes moins meurtrière que la peste, se traduit par une augmentation brutale des décès enregistrés dans la cité à l’automne 1721, un pic de mortalité qui sera le plus important de tout le siècle. Et c’est précisément au moment où les décès explosent que le corps de ville adopte son règlement d’octobre 1721.

Ces deux documents emblématiques, l’ordonnance du parlement de Bordeaux de 1585 et le règlement rochelais d’octobre 1721 seront prochainement mis en ligne in extenso sur notre site.

Mesures de prévention contre la peste de Provence dans le port de La Rochelle. Distribution de la garde des portes et du port, 26 octobre 1721.
Arch. mun. La Rochelle, GG 766.

Distribution de la garde des portes et de la chaisne de la ville de la Rochelle pour empescher l’entrée en laditte ville des personnes et marchandises venant de lieux suspecs de maladies contagieuses, suivant le choix et consentemens donnés par les corps et compagnies qui compozent le corps des habitans de laditte ville. 26 octobre 1721.

La Porte royalle
sera gardée par Messieurs
Les officiers du Bureau des finances,
Les officiers de l’hôtel de ville,
Les officiers de l’eslection,
Les officiers de l’amirauté,
Les officiers de la monoye,
Les officiers des traittes,
Les nobles et gens vivans de leur revenus et financiers

La Porte dauphine
sera gardée par Messieurs
Les officiers du présidial
et les advocats

La Porte neuve
sera gardée par Messieurs
du clergé

La chaisne
sera gardée par Messieurs
Les principaux négocians

La porte Saint Nicolas
sera gardée par Messieurs
les négocians principaux.

Il sera fait pour chascun poste des tableaux des noms de ceux qui y doivent entrer en garde.
Il sera envoyé par le sieur major des habitans à ceux qui doivent faire la garde des billets d’avertissemens dix jours avant celuy qu’ils doivent estre de garde afin qu’ils ce tiennent prest à faire le service à jour nommé ; pouront néanmoins les chef des gardes convenir entreux des jours de leur garde, auquel cas le sieur major sera dispensé de leur envoyer des billets d’avertisemens. Les uns et les autres ne pouront ce dispenser sous quelque prétexte que ce soit de faire leur gardes. S’il y en a de malades ou actuellement absens, ils feront aussytost remettre les billets d’avertisement receus au major avec des certificats de leurs maladies ou de leur voyages hors la province, pour qu’ils soyent remplacés par ceux qui les suivront suivant l’ordre du tableau, sy mieux ils n’aiment eux mesme les choisir et prier de le faire pour eux. Ils seront pris de la mesme classe sans qu’il puisse mestre des seconds en la plasse des chefs, ce qui interromproit l’ordre réiglé et lorsque les malades seront restablis et les absens de retour, ils remplassiront leur gardes manquées sans attendre que leur tour revienne.
Personne ne poura s’en exempter sous prétexte de privillèges, maladies feintes ou voyages simullés attendu qu’il s’agist de la seureté commune. Les billets d’avertisemens seront signés par monsieur le maire (mot rayé : le major) après par un garde de la mairie sous ses ordres. Les postes seront vizités par le major et sera fait estat de ceux qui auront manqué de ce rendre à leur poste, lequel estat sera remis à monsieur l’intandant pour estre les défaillans punis et condempnés en telles peines qu’il trouvera justes. Il ne sera permis à aucunes personnes de quelque qualitté et condition qu’elle puisse estre, de laisser entrer aucunes personnes ny marchandises s’ils ne sont munis de lettres de santé en bonne forme.
Il ne sera laissé entrer aucuns mandians valides ny invalides, vagabons et gens sans aveu sur les peines portées par les ordonnances. Les gardes de la mairie en rencontrant dans les rues ou places publicques, ils les arresteront et les conduiront en les prisons royalles de cette ville où le concierge leur founira le pain et l’eau pour leur norritures pandant vingt-quatre heures seulement, après lesquelles ils seront conduits hors l’une des portes par l’un des gardes de la mairie et leur sera fait deffences de rentrer dans la ville à peine de punition exemplaire. Le consiere des prisons donnera aux gardes de la marie des certificats des prisonniers qu’il luy auront remis, lesquels certificats seront remis par lesdits gardes de la mairie es mains de monsieur le maire qui leur donnera un résultat ou délibération du corps de ville pour estre lesdits gardes de la mairie payés à raison de dix sols pour chascunne personne qu’ils auront emprisonné. Fait et arresté au corps de ville de la Rochelle le vingt six d’octobre mil sept cent vingt un.

Gabet, Daliveau, Nectoux, H. Bertrand, Vincent Bureau.

Veu par nous conseiller du roy en ses conseils, maistre des requestes ordinaires de son hostel, intandant de justice, pollice et finances en la générallité de la Rochelle l’arresté et rezultat cy desus, nous ordonnons qu’il sera exécutté selon sa forme et teneur à peine contre les contrevenans de vingt livres d’amande aplicable aux pauvres. Faict à la Rochelle, le vingt six octobre mil sept cent vingt un.

Amelot de Chaillou.

Un message, un commentaire ?
modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message